Tunisie: Hommes et femmes égaux face à la répression des médias
Par Sihem Bensedrine
La Tunisie est connue pour être le pays du monde arabe où la femme bénéficie de droits étendus. D’ailleurs, le gouvernement ne se prive pas pour agiter ces droits comme faire-valoir démocratique et symbole de modernité pour illuminer son image. Mais lorsque ces droits entrent en conflit avec les libertés fondamentales, comme la liberté d’expression, être femme ne vous prémunit pas de la répression et l’égalité avec les hommes est, sur ce terrain, totale.
On peut lire dans le programme électoral du président Ben Ali: «Les réformes juridiques, les initiatives et mesures que nous avons entreprises se sont succédées à partir de notre conviction personnelle et des politiques volontaristes que nous avons adoptées, et qui ont conféré à la femme tunisienne un statut unique et privilégié dans l’environnement civilisationnel et culturel de notre pays.» Cette instrumentalisation de la cause des femmes par le pouvoir cache mal une dégradation sensible de l’état des libertés relevée par nombre d’ONG.
Même le comité des nations Unies pour l’élimination des discriminations contre les femmes (CEDAW) vient d’épingler la Tunisie pour «la dégradation de la condition de la femme en Tunisie, notamment son accès au champ public».
Dans ses recommandations rendues publiques le 22 octobre 2010, le CEDAW a exhorté la Tunisie à «mettre fin aux actes d’intimidation et de harcèlement et respecter et protéger les activités pacifiques des organisations de droits de l’homme et les défenseurs.» et invité «l’État partie à protéger le pluralisme des médias, de garantir la liberté d’expression et l’accès à l’information, afin de stimuler plus de débats publics et de bénéficier du dynamisme et de la créativité de la société civile.§20».
C’est bien connu, les dictateurs s’accommodent mal de la lumière qui pourrait mettre à nu leurs méfaits et les medias sont leurs pires ennemis. Faire usage de sa plume est un exercice périlleux en Tunisie où celle-ci est considérée comme «plus dangereuse que les armes»; cela vaut autant pour les femmes que pour les hommes!
Une répression tous azimuts
Surveillance policière, Intimidations, interpellations et campagnes de diffamation sont le lot de ces femmes journalistes qui osent s’aventurer sur ce terrain miné de la presse libre.
C’est ainsi qu’au lendemain du raid opéré sur le studio de Radio Kalima en janvier 2009, les deux journalistes femmes qui y travaillaient ont été persécutées durant plusieurs mois. Zakia Dhifaoui, après avoir été assiégée à son domicile par des policiers en civil qui l’agressaient verbalement sur un registre misogyne, elle a été interpellée le 10 février 2009, par six policiers en civil qui l’ont emmenée au commissariat de police de la rue Charles de Gaulle à Tunis, où elle a été soumise à une fouille au corps humiliante et son matériel d’enregistrement confisqué. Elle a été questionnée sur son travail à Kalima, puis menacée de poursuites judiciaires et de prison si elle n’abandonnait pas ses activités journalistiques.
Le même scénario a été entrepris avec une autre journaliste, Faten Hamdi, plusieurs fois battue dans la rue par des policiers en civil. Elle avait été interpellée trois jours auparavant, le 7 février, rue Habib Bourguiba à Tunis, puis maintenue en détention pendant trois heures. Elle avait également été menacée de poursuites judiciaires si elle ne cessait pas son travail avec la radio.
Ignorer ces avertissements peut vous conduire en prison ou mieux encore, transformer votre vie en un enfer où une large gamme de produits de répression soft garniront votre quotidien : surveillance policière collante, communications strictement contrôlées voire parasitées, passage à tabac, sabotage et vol de votre voiture, harcèlement de vos enfants, intimidation de vos amis et proches, privation de passeport, privation de travail, interdiction de se déplacer librement même à l’intérieur du territoire…etc. Nombreux sont les journalistes indépendants qui l’ont appris à leurs dépens (Fahem Boukadous, Taoufik Ben Brik, Zouhayr Makhlouf, Mouldi Zouabi, Nizar Ben Hassen, Slim Boukgdhir, Hamma Hammami, Abdallah Zouari…etc).
Avec plus de 306 journaux, 5 radios et 2 TV privées, le paysage médiatique parait diversifié, mais en réalité il est sous monopole d’Etat, soumis à la volonté d’une administration qui n’a autorisé aucun média indépendant depuis l’arrivée au pouvoir de Ben Ali en 1988[1]. Bien que la presse soit régie par le régime de la déclaration, le refus de l’administration de délivrer le récépissé de remise de la déclaration transforme celui-ci en régime de l’autorisation préalable qui ne dit pas son nom. Plusieurs journaux ont subi ce déni du droit de publier.
En octobre 2009 lors de la campagne électorale qui a duré 15 jours, cinq ONG[2] ont observé les performances des médias durant les élections et les résultats sont stupéfiants: le président Ben Ali a accaparé 97,14% de l’espace médiatique dans la presse écrite, contre 0,10% de l’espace alloué à son concurrent d’Ettajdid, selon le rapport publié par ces ONG.
Le Groupe de travail pour la liberté d’expression en Afrique du Nord (WGFENA) a recensé pour l’année 2009/2010 pas moins 24 cas d’attaques contre les journalistes tunisiens dont 11 par voie judiciaire. Ces attaques vont de l’emprisonnement des journalistes et blogueurs au raid sur les radios en passant par les arrestations arbitraires, les enlèvements, les mauvais traitements, les campagnes de calomnies et les agressions physiques.
La calomnie, nouvelle stratégie répressive
Une nouvelle forme d’attaque a pris des proportions alarmantes, il s’agit des campagnes de calomnies et d’insultes à l’égard de journalistes et défenseurs de droits humains allant jusqu’aux menaces de mort (Slim Bagga, directeur du journal l’Audace) utilisées comme outil de torture morale. Quotidiennement des journaux «privés» connus pour appartenir aux services spéciaux du ministère de l’Intérieur en Tunisie déversent des accusations contre les journalistes, opposants et défenseurs de droits humains, les qualifiant de «traitres à la patrie», «vendus à Israël», «agents du Mossad», «prostituées» (pour les femmes)…etc. De nombreuses ONG internationales se sont alarmées de cette nouvelle arme utilisée de façon systématique pour salir ceux qui osent critiquer cette dérive dictatoriale.
Censure de l’Internet et techniques de contournement
Face à ce verrouillage de l’espace médiatique traditionnel, les Tunisiens se sont tournés vers Internet. Mais là également, une omniprésente cyberpolice dresse ses filets.
De grands moyens ont été investis pour contrôler le trafic du web. Les autorités ont mis en place une architecture où le contrôle se fait à plusieurs niveaux et assure le filtrage à l’épine dorsale du réseau. Non seulement tous les sites tunisiens et internationaux qui ont un rapport avec les libertés en général sont bloqués en Tunisie, mais également le courrier électronique est intercepté et parfois disparait des boites.
Cette situation a poussé un groupe d’internautes du réseau social facebook qui comprend pas mois de 800000 utilisateurs tunisiens à organiser une manifestation contre la censure de l’Internet le 22 mai 2010. Ils se sont déployés dans la plus grande artère de la capitale, l’avenue Bourguiba, avec des teeshirts portant l’inscription « free 404 » en référence à la page d’erreur 404 qui s’affiche en Tunisie pour les pages censurées. Cette manifestation a été violemment réprimée par la police qui a interdit à tous les jeunes de circuler ce jour là sur l’avenue Bourguiba en fermant tous les cafés de l’avenue, et a interpellé les deux jeunes qui ont déposé une demande d’autorisation d’un rassemblement la veille, et les ont été obligés à signer un engagement de ne plus appeler à manifester.
Un combat d’arrière garde
A cette mobilisation répond une grande coordination des Etats arabes pour mieux contrôler la liberté d’expression dans la région. Le Conseil des ministres arabes de l’Intérieur et de l’information – structure de la Ligue arabe basée à Tunis et qui se réunit avec une régularité qui tranche avec la paralysie chronique de la Ligue des Etats arabes – s’est réuni à Tunis le 16 mars 2010, et a adopté un train de mesures visant à unifier et renforcer les mesures de contrôle et de répression contre les médias utilisant les nouvelles technologies de l’information, notamment Internet et le satellite. Mais une chose est sûre, il s’agit là d’une bataille perdue, car ceux qui cherchent à accéder à une information libre ont toujours une longueur d’avance sur les censeurs et trouvent toujours les bonnes techniques pour contourner la censure.
——————————–
Tunísia: Homes i dones iguals davant la repressió dels mitjans de comunicació
Per Sihem Bensedrine
Tunísia és coneguda per ser el país del món àrab on les dones gaudeixen de majors drets. Així, el govern no dubta a utilitzar aquests drets com un valor democràtic i un símbol de la modernitat que il.lumina la seva imatge. Però quan aquests drets entren en conflicte amb les llibertats fonamentals com la llibertat d’expressió, ser dona no et protegeix de la repressió i la igualtat amb els homes és, en aquest terreny, total.
En el programa electoral del president Ben Ali es pot llegir: “Les reformes legals, iniciatives i mesures que s’han realitzat han seguit la nostra convicció personal i les polítiques voluntaristes que hem adoptat i que han donat a les dones de l’Estat de Tunísia un estatus únic i privilegiat en l’entorn de la civilització i cultura del nostre país “. Aquesta instrumentalització de la causa de les dones pel poder amaga un deteriorament significatiu de l’estat de les llibertats denunciada per moltes ONGs.
Fins i tot el Comitè de l’ONU per a l’Eliminació de la Discriminació contra la Dona (CEDAW) ha denunciat a Tunísia per “el deteriorament de la situació de la dona a Tunísia, incloent el seu accés a l’arena pública.”
En les seves recomanacions, llançades el 22 d’octubre del 2010, la CEDAW va instar a Tunísia a “posar fi a la intimidació i l’assetjament i respectar i protegir les activitats pacífiques de les organitzacions de drets humans i els seus defensors” i va convidar “a l’Estat a protegir el pluralisme dels mitjans de comunicació, garantir la llibertat d’expressió i l’accés a la informació, amb la finalitat d’estimular més el debat públic i per beneficiar el dinamisme i la creativitat de la societat civil. Preparació. § 20 “.
Tothom sap que els dictadors no s’acomoden a la llum que pugui mostrar les seves malifetes i els mitjans de comunicació són els seus pitjors enemics. Fer ús de la ploma és un exercici perillós a Tunísia, on es considera “més perillosa que les armes”, i això és tan cert per a les dones com per als homes!
Una repressió total
Vigilància policial, intimidació, detencions i campanyes de difamació són el premi per a aquelles dones periodistes que s’atreveixen a aventurar-se en aquest camp minat de la llibertat de premsa.
Va ser arran de la batuda feta en l’estudi de Ràdio Kalima el gener del 2009, quan dues dones periodistes que treballen allí van ser perseguides durant diversos mesos. Zakia Dhifaoui, després d’haver estat assetjada a casa seva per policies vestits de civil que la van agredir verbalment durant un misogin registre, va ser detinguda el 10 febrer del 2009, per sis policies vestits de civil que la van portar a la comissaria del carrer Charles de Gaulle a Tunísia, on va ser sotmesa a registres corporals humiliants i li van confiscar els seus equips de gravació. Va ser interrogada sobre el seu treball en Kalima, i a continuació amenaçada amb causes judicials i amb la presó si no abandonava les seves activitats periodístiques.
El mateix escenari es va repetir amb una altra periodista, Faten Hamdan, repetidament colpejada al carrer per policies vestits de civil. Ella havia estat detinguda tres dies abans, el 7 de febrer, al carrer Habib Bourguiba a Tunísia, i després va estar retinguda durant tres hores. Ella també havia estat amenaçada amb ser processada si no abandonava el seu treball a la ràdio.
Ignorar aquestes advertències pot conduir a la presó o, millor encara, a transformar la teva vida en un infern on una àmplia gamma de productes de repressió suau ompliran el teu dia a dia: vigilància enganxosa de la policia, comunicacions estrictament controlades o parasitades, pallisses, el sabotatge i el robatori del teu cotxe, l’assetjament als teus fills, la intimidació dels teus amics i familiars, privació del passaport, la pèrdua del treball, la prohibició de viatjar lliurement fins i tot en el mateix territori, etc .. Molts són els periodistes independents que ho han après en les seves carns (Boukadous, Taoufik Ben Brik, Makhlouf Zouhayr, Zouabi Mouldi, Nizar Ben Hassen, Boukgdhir Slim, Hamma Hammami, Abdallah Zouari, etc ..)
Amb més de 306 diaris, 5 estacions de ràdio i 2 televisions privades, el panorama dels mitjans sembla divers, però en realitat està sota monopoli estatal, amb subjecció a la voluntat d’un govern que noi ha autoritzat cap mitjà de comunicació independent des de l’arribada Ben Ali al poder el 1988 [1]. Encara que la premsa es regeix pel règim de la declaració, la negativa de l’administració per emetre el rebut de lliurament de la declaració el transforma en règim que no diu el seu nom. Diversos diaris han patit aquesta negació del dret a publicar.
A l’octubre del 2009 durant la campanya electoral que va durar 15 dies, cinc organitzacions no governamentals [2] van observar el treball dels mitjans de comunicació durant les eleccions i els resultats són impressionants: el president Ben Ali va acaparar el 97,14% de l’espai mediàtic en la premsa escrita, contra el 0,10% de l’espai assignat a la seva contrincant Ettajdid, segons l’informe publicat per les ONGs.
El Grup de treball per la Llibertat d’Expressió a Àfrica del Nord (WGFENA) va identificar per al curs 2009/2010 no menys de 24 casos d’agressions contra periodistes tunisians, entre ells 11 a través dels tribunals. Aquests atacs van des del empresonament de periodistes i bloggers a la incursió en les ràdios passant per detencions arbitràries, segrestos, maltractaments, les campanyes de difamació i les agressions físiques
La calúmnia, nova estratègia repressiva
Una nova forma d’atac ha assolit proporcions alarmants, es tracta de campanyes de calúmnies i insults contra periodistes i defensors dels drets humans arribant fins i tot a les amenaces de mort (Slim Bagge, director del diari L’Audace) utilitzats com a instruments de tortura moral . Habitualment els diaris “privats” coneguts per pertànyer als serveis especials del Ministeri de l’Interior a Tunísia estan descarregant acusacions contra els periodistes, opositors i defensors dels drets humans, anomenant-los “traïdors a la pàtria” o “venuts a Israel” “agents del Mossad “,” prostitutes “(per a dones), etc … Moltes organitzacions no governamentals internacionals estan alarmades per aquesta nova arma utilitzada de manera sistemàtica per a desprestigiar els que s’atreveixen a criticar la deriva dictatorial.
Censura d’Internet i tècniques de control
Davant del bloqueig de l’espai mediàtic tradicional, els tunisians s’han abocat a Internet. Però allà igualment, una omnipresent cyber-policia mou els fils.
Grans recursos s’han invertit per a controlar el trànsit web. Les autoritats han implementat una arquitectura on el control es porta a terme en diversos nivells i assegura el filtratge en l’espina dorsal de la xarxa. No només totes les webs tunisianes i internacionals que estan relacionats amb les llibertats en general, estan bloquejades a Tunísia, sinó també els e-mail són interceptats i de vegades desapareix de les safates de correus.
Aquesta situació va portar a un grup d’internautes de la xarxa social Facebook, que inclou més de 800 000 usuaris de Tunísia, a organitzar una protesta contra la censura d’Internet el 22 de maig del 2010. Es van desplegar a l’artèria més gran a la capital, l’Avinguda Bourguiba, amb samarretes amb la inscripció “lliure 404” en referència a la pàgina d’error 404 que apareix a Tunísia a les pàgines censurades. Aquesta manifestació va ser reprimida violentament per la policia que prohibia a tots els joves circular aquest dia per l’avinguda Bourguiba tancant tots els bars de l’avinguda, i detenint als dos joves que havien presentat una sol licitud d’autorització de manifestació el dia anterior, que van ser obligats a signar un compromís de no convocar més cap altra manifestació.
Una lluita a la rereguarda
Aquesta mobilització respon a una gran coordinació dels Estats Àrabs per controlar millor la llibertat d’expressió a la regió. El Consell de Ministres Àrabs de l’Interior i d’informació – Estructura de la Lliga Àrab amb seu a Tunísia i que es reuneix amb una regularitat que contrasta amb la paràlisi crònica de la Lliga d’Estats Àrabs – es va reunir a Tunísia el 16 de març del 2010, i va aprovar un paquet de mesures per unificar i enfortir les mesures per al control i la repressió contra els mitjans de comunicació utilitzant les noves tecnologies de la informació, principalment Internet i el satèl·lit. Però una cosa és segura, aquesta és una batalla perduda, perquè els que busquen l’accés a la informació lliure estan sempre un pas per davant dels censors i sempre trobaran les tècniques adequades per a evitar la censura.
[1]. Només una excepció, el títol Mouwatinoun, òrgan de partit membre de les Forces Armades de Defensa, un partit de l’oposició creat el 2006. Anteriorment, dos òrgans del partit van ser autoritzats el 1988, Al Badil, òrgan del PCOT i Al Fajr, òrgan del Moviment de la tendència islamista (Ennahdha), tots dos han estat suspesos des de 1990.
[2] Lliga tunisiana per a la Defensa dels Drets Humans (LTDH), Associació Tunisiana de Dones Demòcrates (Tanf), el Consell Nacional per a les Llibertats a Tunísia (CNLT) Observatori per a la Llibertat de Premsa, Publicació i Creació (OLPEC) Unió nacional de periodista tunisiana (SNJT).
——————————–
Túnez: Hombres y mujeres iguales ante la represión de los medios de comunicación
Por Sihem Bensedrine
Túnez es conocida por ser el país del mundo árabe donde las mujeres gozan de mayores derechos. Así, el gobierno no duda en utilizar estos derechos como un valor democrático y un símbolo de la modernidad que ilumina su imagen. Pero cuando estos derechos entran en conflicto con las libertades fundamentales como la libertad de expresión, ser mujer no te protege de la represión y la igualdad con los hombres es, en ese terreno, total.
En el programa electoral del presidente Ben Ali se puede leer: “Las reformas legales, iniciativas y medidas que se han realizado han seguido nuestra convicción personal y las políticas voluntaristas que hemos adoptado y que han dado a las mujeres del Estado de Túnez un estatus único y privilegiado en el entorno de la civilización y cultura de nuestro país”. Esta instrumentalización de la causa de las mujeres por el poder esconde un deterioro significativo del estado de las libertades denunciada por muchas ONGs.
Incluso el Comité de la ONU para la Eliminación de la Discriminación contra la Mujer (CEDAW) ha denunciado a Túnez por “el deterioro de la situación de la mujer en Túnez, incluyendo su acceso a la arena pública.”
En sus recomendaciones, lanzadas el 22 de octubre del 2010, la CEDAW instó a Túnez a “poner fin a la intimidación y el acoso y respetar y proteger las actividades pacíficas de las organizaciones de derechos humanos y sus defensores ” e invitó “al Estado a proteger el pluralismo de los medios de comunicación, garantizar la libertad de expresión y el acceso a la información, con el fín de estimular más el debate público y para beneficiar el dinamismo y la creatividad de la sociedad civil. Preparación. § 20”.
Todo el mundo sabe que los dictadores no se acomodan a la luz que pueda exponer sus fechorías y los medios de comunicación son sus peores enemigos. Hacer uso de la pluma es un ejercicio peligroso en Túnez, donde se considera “más peligrosa que las armas”, y esto es tan cierto para las mujeres como para los hombres!
Una represión total
Vigilancia policial, intimidación, detenciones y campañas de difamación son el premio para esas mujeres periodistas que se atreven a aventurarse en este campo minado de la libertad de prensa.
Fue a raíz de la redada hecha en el estudio de Radio Kalima en enero del 2009, cuando dos mujeres periodistas que trabajan allí fueron perseguidas durante varios meses. Zakia Dhifaoui, después de haber sido sitiada en su casa por policías vestidos de civil que la agredieron verbalmente durante un misógino registro, fue detenida el 10 de febrero del 2009, por seis policías vestidos de civil que se la llevaron a la comisaría de la calle Charles de Gaulle en Túnez, donde fue sometida a registros corporales humillantes y le confiscaron sus equipos de grabación. Fue interrogada sobre su trabajo en Kalima, y a continuación amenazada con causas judiciales y con la cárcel si no abandonaba sus actividades periodísticas.
El mismo escenario se repitió con otra periodista, Faten Hamdan, repetidamente golpeada en la calle por policías vestidos de civil. Ella había sido detenida tres días antes, el 7 de febrero, en la calle Habib Bourguiba en Túnez, y luego estuvo retenida durante tres horas. Ella también había sido amenazada con ser procesada si no abandonaba su trabajo en la radio.
Ignorar esas advertencias puede conducir a la cárcel o, mejor aún, a transformar tu vida en un infierno donde una amplia gama de productos de represión suave llenarán tu día a dia: vigilancia pegajosa de la policía, comunicaciones estrictamente controladas o parasitadas, palizas, el sabotaje y el robo de tu coche, el acoso a tus hijos, la intimidación de tus amigos y familiares, privación del pasaporte, la pérdida del trabajo, la prohibición de viajar libremente incluso en el mismo territorio, etc.. Muchos son los periodistas independientes que lo han aprendido en sus carnes (Boukadous, Taoufik Ben Brik, Makhlouf Zouhayr, Zouabi Mouldi, Nizar Ben Hassen, Boukgdhir Slim, Hamma Hammami, Abdallah Zouari , etc..)
Con más de 306 periódicos, 5 estaciones de radio y 2 televisiones privadas, el panorama de los medios parece diverso, pero en realidad está bajo monopolio estatal, con sujeción a la voluntad de un gobierno que ha autorizado ningún medio de comunicación independiente desde la llegada Ben Ali al poder en 1988 [1]. Aunque la prensa se rige por el régimen de la declaración, la negativa de la administración para emitir el recibo de entrega de la declaración lo transforma en régimen que no dice su nombre. Varios periódicos han sufrido esa negación del derecho a publicar.
En octubre del 2009 durante la campaña electoral que duró 15 días, cinco organizaciones no gubernamentales [2] observaron el trabajo de los medios de comunicación durante las elecciones y los resultados son impresionantes: el Presidente Ben Ali acaparó el 97,14% del espacio mediático en la prensa escrita, contra el 0,10% del espacio asignado a su contrincante Ettajdid, según el informe publicado por las ONGs.
El Grupo de trabajo por la Libertad de Expresión en África del Norte (WGFENA) identificó para el curso 2009/2010 no menos de 24 casos de agresiones contra periodistas tunecinos, entre ellos 11 a través de los tribunales. Estos ataques van desde el encarcelamiento de periodistas y bloggers a la incursión en las radios pasando por detenciones arbitrarias, secuestros, malos tratos, las campañas de difamación y las agresiones físicas
La calumnia, nueva estrategia represiva
Una nueva forma de ataque ha alcanzado proporciones alarmantes, se trata de campañas de calumnias e insultos contra periodistas y defensores de los derechos humanos llegando incluso a las amenazas de muerte (Slim Bagga, director del periódico L’Audace) utilizados como instrumentos de tortura moral. Habitualmente los periódicos “privados” conocidos por pertenecer a los servicios especiales del Ministerio del Interior en Túnez están descargando acusaciones contra los periodistas, opositores y defensores de los derechos humanos, llamándolos “traidores a la patria” o “vendidos a Israel” “agentes del Mossad”, “prostitutas” (para mujeres), etc… Muchas organizaciones no gubernamentales internacionales están alarmadas por esta nueva arma utilizada de modo sistemático para desprestigiar a los que se atreven a criticar la deriva dictatorial.
Censura de Internet y técnicas de control
Frente al bloqueo del espacio mediático tradicional, los tunecinos se han volcado en Internet. Pero allí igualmente, una omnipresente cyber-policia mueve los hilos.
Grandes recursos se han invertido para controlar el tráfico Web. Las autoridades han implementado una arquitectura donde el control se lleva a cabo en varios niveles y asegura el filtrado en la espina dorsal de la red. No sólo todos los sitios tunecinos e internacionales que inciden que están relacionados con las libertades en general, están bloqueados en Túnez, sino también los e-mail es interceptado y a veces desaparece de los bandejas de correos.
Esta situación llevó a un grupo de internautas de la red social Facebook, que incluye más de 800 000 usuarios de Túnez, a organizar una protesta contra la censura de Internet el 22 de mayo del 2010. Se desplegaron en la arteria más grande en la capital, la Avenida Bourguiba, con camisetas con la inscripción “libre 404” en referencia a la página de error 404 que aparece en Túnez en las páginas censuradas. Esta manifestación fue reprimida violentamente por la policía que prohibía a todos los jóvenes circular ese día por la avenida Bourguiba cerrando todos los bares de la avenida, y deteniendo a los dos jóvenes que habian presentado una solicitud de autorización de manifestación el día anterior. Quienes fueron obligados a firmar una promesa de no convocar más ninguna manifestación.
Una lucha en la retaguardia
Esta movilización responde a una gran coordinación de los Estados Árabes para controlar mejor la libertad de expresión en la región. El Consejo de Ministros Árabes del Interior y de información – Estructura de la Liga Árabe con sede en Túnez y que se reune con una regularidad que contrasta con la parálisis crónica de la Liga de Estados Árabes – se reunió en Túnez el 16 de marzo del 2010, y aprobó un paquete de medidas para unificar y fortalecer las medidas para el control y la represión contra los medios de comunicación utilizando las nuevas tecnologías de la información, principalmente Internet y el satélite. Pero una cosa es segura, esta es una batalla perdida, porque los que buscan el acceso a la información libre están siempre un paso por delante de los censores y siempre encontraran las técnicas adecuadas para evitar la censura.
[1] .Solo una excepción, el título Mouwatinoun, órgano de partido miembro de las Fuerzas Armadas de Defensa, un partido de la oposición creado en 2006. Anteriormente, dos órganos del partido fueron autorizados en 1988, Al Badil, órgano del PCOT y Al Fajr, órgano del Movimiento de la tendencia islamista (Ennahdha), ambos han sido suspendidos desde 1990.
[2] Liga tunecina para la Defensa de los Derechos Humanos (LTDH), Asociación Tunecina de Mujeres Demócratas (TANF), el Consejo Nacional para las Libertades en Túnez (CNLT) Observatorio para la Libertad de Prensa, Publicación y Creación (OLPEC) Unión Nacional de Periodistas Tunecinos (SNJT).
Read Full Post »